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Les jeudis de la transition : Quelle nature, pour quelle ville ? - avec Luc Abadie

  • sophiemordelet
  • 10 févr. 2021
  • 3 min de lecture

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Retrouvez le rendez-vous du Groupe Local : les Jeudis de la Transition Écologique et Solidaire !


Avec Luc Abbadie, invité du groupe local le 4 février dernier, Ecologue, Professeur des Universités, Vice-Président du Conseil Scientifique de l'OFB, Directeur de l'Institut de la transition environnementale à Sorbonne-Université.

 

« Le monde vivant est sans cesse changeant et diversifié, et il ne peut être que changeant et diversifié, et c’est pour cela qu’il se maintient depuis des millions d’années. Et pourtant, aujourd’hui, il subit une véritable crise, qui risque de l’appauvrir durablement. Les causes de l’extinction en cours sont connues et leurs effets sont à la fois prévisibles et imprévisibles. Les solutions pour inverser la tendance sont disponibles. Mieux, ce qui est bon pour la diversité est bon pour le climat, bon pour les villes, bon pour l’agriculture. Chacun peut agir, mais l’action politique collective est indispensable. » Luc Abbadie

 

Au fil des échanges et questions qui suivent sa présentation, Luc Abbadie explique pourquoi selon lui, la viabilité de la planète doit structurer toutes les politiques publiques, et la nécessité d’en convaincre le plus grand nombre.

 

Retour sur cet échange :

 

Q: Les humains influent sur les écosystèmes en perturbant les équilibres… y a-t-il d’autres facteurs aussi influents sur les écosystèmes ?


Les perturbations des écosystèmes ont toujours existé, ne serait-ce que l’évolution de l’activité solaire ou celle de la composition de l’atmosphère. Ce qui est radicalement nouveau, c’est la vitesse incroyable des changements (de 100 à 1.000 fois plus rapide que les évolutions antérieures), ne permettant pas à certaines espèces de s’adapter, entraînant alors leur disparition plutôt que d’évoluer vers d’autres espèces comme par le passé.

L’activité humaine menace d’extinction de nombreuses espèces à un rythme croissant : En France, depuis 1989 le déclin du nombre d’oiseaux (les individus) est de 1% par an.

Les causes sont connues : le changement d’usage (les forêts supprimées pour cultiver du soja), l’exploitation directe (la surpêche), les changements climatiques, la pollution, les espèces invasives.

Il est donc possible d’agir mais en modifiant profondément nos modes de production, et de consommation.


Q: Pourquoi la FNSEA est-elle réfractaire aux vérités écologiques montrant comment augmenter la productivité agricole tout en augmentant la diversité ?


De nombreuses expérimentations ont effectivement montré, que la résistance aux maladies passe par la diversité ; plutôt que de chercher des produits alternatifs aux néonicotinoïdes, il faut arrêter les monocultures sur de grandes surfaces, pratiquer les rotations sur les parcelles, favoriser la variété génétique…et donc revoir les subventions à la surface de la PAC (Politique Agricole Commune) et les conditionner à l’emploi. La majorité des agriculteurs pensent qu’on leur demande de revenir en arrière, alors qu’ils se sont endettés pour remplir les objectifs qu’on leur a donnés de nourrir les français, les européens et plus. L’erreur a été collective, la transition demande des investissements, elle implique une solidarité collective pour réussir.


Q: Que faire des espèces invasives ? des perruches à Saint-Maur ? des criquets pèlerins aux dégâts considérables en Afrique de l’est ?


Les espèces invasives viennent d’un autre écosystème, et se développent avec le développement des échanges mondiaux qu’il faut repenser. En présence d’une espèce invasive, Il faut souvent attendre une régulation naturelle. Ainsi, pour la perruche, on s’attend à observer une baisse de la dynamique de population.

Les nuages de criquets pèlerins, passant d’un patch (habitat) à un autre, sont anciens et considérés comme des perturbations intermédiaires, permettant d’aboutir à des écosystèmes résistants car augmentant la diversité des sols, mais évidemment dramatiques lorsqu’ils s’abattent sur des cultures humaines.


Q: Nous allons voter un règlement de végétalisation de la ville par les habitants ? Faut-il maximiser le nombre de points de végétalisation ou la taille des espaces ? Faut-il superposer les trames vertes, brunes, noires ?


Les grands parcs sont intéressants parce que plus riches en biodiversité, d’où l’intérêt de relier entre eux les plus petits parcs et jardins afin de permettre le passage des individus. Il est évident que les trames vertes et brunes doivent être superposées, une vraie trame verte ne peut se développer que sur une trame brune (pleine terre).

La végétalisation des villes limitée à des jardinières et petites fleurs relève du greenwashing car elle ne prend pas en compte le côté systémique de la biodiversité (en l’occurrence, la relation à la pleine terre, aux arthropodes et autres bactéries).

Les villes méritent une nature de qualité (trottoirs débitumés, augmentation de la part de pleine terre, taille limitée des arbres, feuillage abondant, toitures végétalisées, biodiversité élevée…). Cette nature de qualité qui permet l’amélioration de la qualité de l’air, la lutte contre les canicules, une ville plus résiliente est une vraie politique de santé publique.


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